Renault Scénic Vision : Une Nouvelle Icône Pour La Renaulution

Après la R5, Renault ressuscite le presque-déjà oublié Scénic ! Avec un style de SUV et une motorisation avant-gardiste hybride-hydrogène, la marque au Losange donne à voir un autre de ses futurs modèles et en profite pour réaffirmer le grand retour des voitures à vivre.

Renault Scénic Vision : on l’appelle Z01 ?

Tout commence souvent par un détail : avec le concept-car Scénic Vision, c’est son nom de code, ZHCB, qui en dit beaucoup. Car si le Z signe les projets d’études de style de Renault, ceux qui sont promis sans lendemain ont généralement un chiffre derrière. Z24 était la DeZir par exemple. Et le tout premier de ces concepts, c’est dès 1988 que la marque le préparait sous le nom de code Z01, devenu une fois officiellement dévoilé au salon de Francfort 1991 : Renault Scénic !

Plus de 30 ans plus tard, rebelotte avec cette fois-ci le projet ZHCB, un fourbi de lettres qui désigne le concept -Z- du futur modèle HCB. Or, chez Renault, H annonce un SUV, C désigne sa plateforme issue de la famille CMF, et B son segment… ou presque puisqu’il est plutôt compact avec ses 4,49 m de longueur (4,45 m pour feu le Scénic IV court).

Dit autrement, c’est un quasi-retour aux sources qui s’annonce pour Scénic, avec un volume presque monocorps, une silhouette haute, et un code projet proche de la Mégane E-Tech, BCB – souvenez-vous, les longs débats pour l’appeler ou pas Mégane Scénic !

C’est donc tout sauf un concept gratuit qui est montré car le constructeur le promet : « il préfigure le futur véhicule familial 100 % électrique de la gamme Renault ». Alors que le Scénic premier du nom annonçait la suprématie de Renault dans le domaine des monospaces, le Scénic Vision veut surfer sur ce patronyme à succès pour ouvrir de nouvelles perspectives au constructeur, notamment pour tenir son plan de décarbonation sur tout le cycle de vie du véhicule.

Quand Renault se recycle…

Car il n’y a pas que le nom que Renault recycle : la voiture, aussi ! Déjà le concept Ellypse en 2002 utilisait-il des matériaux recyclés ; déjà la Zoé embarquait-elle du plastique recyclé et des chutes textiles pour la confection de ses habillages, mais le Scénic Vision va plus loin : 70 % de ses matières premières sont recyclées, plusieurs en boucles fermées, et il est recyclable à 95 % ! 80 % des matériaux stratégiques de la voiture sont recyclés et peuvent être réintégrés dans la production de nouvelles batteries.

De quoi diminuer de 75 % l’empreinte carbone par rapport à une électrique classique et aider Renault à tenir ses engagement, la neutralité carbone en Europe en 2040 et dans le monde en 2050 sur toutes ses activités… et dès 2025 pour les usines du pôle ElectriCity du nord de la France. De façon plus réaliste, Renault vise 33 % de matières recyclées dans ses nouveaux modèles à l’horizon 2030. A cette date, le groupe escompte tirer plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires grâce à l’économie circulaire, en ajoutant la ReFactory de Flins dédiée au rétrofit, réemploi et reconditionnement.

Les batteries, pomme de discorde des électriques, sont elles aussi décarbonées jusqu’à 60 % et Renault a sélectionné de nouveaux fournisseurs : Terrafame pour du nickel durable, et Vulcan Energy pour le lithium, afin de sécuriser respectivement 15 GWh d’approvisionnement en sulfate de nickel et jusqu’à 17 000 tonnes par an de lithium.

…mais aussi quand Renault se réinterprète

L’intérêt de ce concept, c’est aussi qu’il est le premier de l’ère Gilles Vidal. Le directeur du style Renault, nommé fin 2020, n’avait pas pris part au projet Renault 5 Prototype ni au SUV Austral, et ce Scénic Vision est son premier « bébé » ! Les plus pointilleux essaieront de comparer cette première Renault à ses dernières Peugeot… mais on notera d’abord le choix de logos aux tailles réduites, et totalement illuminés.

Pas de poignées de porte, la voiture utilise la reconnaissance faciale et ouvre ses portes antagonistes seulement aux personnes autorisées. L’ensemble offre un style lisse, qui renouvelle de beaucoup les codes de Renault : enlevez les logos, on jurerait voir une Skoda à l’arrière ou une DS à l’avant !

Le losange dessine une trame à travers la face avant pleine, et rejoint des optiques rectilignes massives et haut perchées. Les écopes latérales illuminées dessinent des losanges de lumière, tandis que les jantes strillées sont évocatrices de quelques lionnes.

C’est surtout la teinte sombre choisie qui surprend pour un concept-car ! Seulement il y a une raison : cette teinte est créée à partir de fibres de carbone issues de déchets aéronautiques ! Mieux, la peinture du pavillon est créée à partir de particules de pollution urbaine.

Par contraste, les sièges sont blancs, sans pigment pour être plus facilement recyclables ; ils reçoivent des micros et haut-parleurs intégrés pour éviter de quitter la route des yeux, et leur forme diffère que vous soyez conducteur ou passager, selon le degré d’attention que vous devez avoir !

L’ensemble des matériaux choisis, acier, aluminium, fibre de carbone, cuivre, platine de la membrane de la pile à combustible, plastiques et polymères, jusqu’à la confection en polyester des sièges et habillages, et mesuré selon sa recyclabilité et son origine (chutes d’usine, ou matériaux valorisés et déjà recyclés).

C’est ainsi que les plastiques de bord du plancher sont 100 % recyclés, issus à 45 % de bouteilles de lait et 55 % de conduits en plastiques PET. On sent que Renault est allé au bout de sa démarche et a passé en revue le maximum possible de ses matières premières pour n’en sélectionner que les plus durables ou neutres sur l’environnement. Même les pneus contiennent 30 % de bioplastiques pour réduire l’utilisation du caoutchouc naturel.

Cap sur l’hybride hydrogène avec le Scénic Vision

Renault annonce avec son concept une nouvelle motorisation alternative au 100 % électrique, avec l’hybride hydrogène, avec à la clé des batteries deux fois moins lourdes, une recharge plus rapide et donc un plus large rayon d’action pour les longs voyages. On parle là moins de 2025 que de la prochaine décennie, mais la marque y travaille, et espère que le réseau de recharge puisse se développer pour qu’à terme la voiture roule électrique en semaine et hydrogène sur longs trajets, où la pile alimente directement l’électromoteur. Tout cela est supervisé par un « route planner » qui planifie au mieux les trajets, un indispensable à l’heure de l’électromobilité et des outils numériques.

Pour l’heure, le Scénic Vision a un moteur de Mégane E-Tech (160 kW, 220 ch) produit à Cléon et sans terres rares, et une batterie de seulement 40 kWh recyclable. Petite, légère (1,7 tonne sur la balance pour la voiture) et donc moins chère, la batterie est couplée à une pile à combustible de 16 kW comme prolongateur d’autonomie.

Contrairement à la Mégane, le moteur du Scénic Vision est à l’arrière et en fait une propulsion, comme la Volkswagen ID.3. Le fond de coffre y perd mais le capot avant accueille le réservoir d’hydrogène, de 2,5 kg seulement. La pile à combustible, elle, est sous le plancher arrière, derrière la batterie.

Côté aides à la conduite, Renault promet de réduire de 70 % les accidents grâce à un Safety Coach qui s’adapte au conducteur en diminuant son stress sans baisser le plaisir de conduire, en le rendant plus conscient des risques pour qu’il adopte une conduite responsable. Chaque nouveauté de la marque aura des technologies dérivées de ces aides comme le Safety Score pour analyser les habitudes de conduite et prodiguer des conseils, et le Safe Guardian pour détecter le manque de vigilance et la fatigue.

On notera enfin le choix d’un airbag cocon pour envelopper les passagers en cas de choc, tout en diminuant l’emprise du coussin dans l’habitacle, ainsi qu’une visibilité accrue de 24 % grâce à un large écran qui augmente le champ de vision du conducteur.

Cap sur 2024 pour le Renault Scénic Vision

Le Renault Scénic Vision annonce un modèle à venir en 2024, soit concomitamment avec la nouvelle R5. On reconnaît à sa forme qu’il s’agira d’une alternative haute aux SUV, une version intermédiaire entre un Captur / Austral et une Mégane E-Tech, mais aussi des codes qu’on retrouvera sur la plupart des prochains modèles. Il y aura donc bien à un Scénic V à terme, spacieux (4,49 m sur 1,90 m de large et 1,59 m de hauteur, roues de 21 pouces avec volets aérodynamiques actifs), avec un long empattement de 2,83 m, une ceinture de caisse basse, et un style qui renouvelle de beaucoup celui de Renault. Prometteur pour la suite, qu’on a hâte de découvrir.