Le Nouvel Automobiliste
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Essai DS 9 E-Tense 250 ch & 360 ch : quel TGV de la route choisir ?

La grande berline DS 9 vient d’adopter deux nouvelles déclinaisons mécaniques hybrides, de 250 ch et 360 ch, dans le but compléter sa gamme vers plus de polyvalence, et au choix d’autonomie ou de puissance. Nous sommes allés les essayer sur les hauteurs de Nice.

Un an après, revoilà la DS 9, cette fois en deux niveaux de puissance inédits : 250 et 360 ch. De quoi épauler l’autre modèle E-Tense, 225 ch, qui connut un lancement tourmenté en 2021. Voilà seulement un an que les clients peuvent en prendre commande, à l’issu d’une longue attente provoquée par la pandémie de Covid en 2020 mais aussi un autre événement majeur, la revente de son usine de production en Chine après la fin du partenariat entre PSA et ChangAn.

Malgré ce contexte difficile, DS croit en sa DS 9, une berline statutaire qui partage beaucoup avec le SUV familial DS 7 Crossback, dont le restylage est imminent. Qu’importe, la DS 9 trace sa route et adopte deux nouvelles puissances, gages de plus d’efficience pour l’une ou de plus de performance pour l’autre, et dont nous avons pu prendre le volant pour en juger le potentiel.

DS 9 E-TENSE

La ou les DS 9 E-Tense : une affaire de configurations

Le bon goût, vous me direz, « c’est bien subjectif » ! Eh bien, disons-le franchement : lorsque la DS 9 a été dévoilée, son look de sage berline haut de gamme, cousine de la sexy Peugeot 508, ne la faisait pas briller par son originalité. Et pourtant, sa configuration de lancement Performance Line, revêtue du Bleu Midnight et chaussée de jantes 19’’ Monaco ne me laissait pas insensible, je dois l’avouer… Le supplément d’âme mécanique peut-il y changer quelque chose ?

Las, sur l’alléchant tableau de ces belles autos françaises disponibles à l’essai, le peu de configurations de ce genre s’en est allé bien vite. Je pensais alors pouvoir éviter le « peinture noire, jantes noires, cuir noir » que je pourrais associer à un goût… incertain. Mais la seule excentricité que j’aie pu me permettre aura été d’en récupérer une troquant le cuir noir au cuir-alcantara noir, spécifique à la version Performance Line. Les deux versions essayées connaîtront le même sort ! (Merci au confrère d’ABCmoteur pour la mise à disposition de la DS 9 rêvée, pour quelques images supplémentaires ! )

Caprice de média automobile, vous me direz. Et puis… cette sombre couleur lui donne de l’allure, malgré tout, celle d’une auto ministérielle. On le concède, les récentes évolutions de la plus charismatique et très récente petite sœur DS 4 lui feraient du bien, néanmoins. C’est surtout perceptible à l’avant, avec les optiques issues du DS 7 Crossback. Le profil reprend les modernes poignées affleurantes inaugurées par le DS 3 Crossback ; quand l’arrière, avec ses optiques en écailles typiquement DS et intégrant le clin d’œil des clignotants de la DS originelle, ne manque pas d’allure.

Le meilleur de la DS 9 E-Tense est à l’intérieur

Voilà une formule peu originale… mais de plus en plus fréquente avec nos autos modernes ! C’est que le style extérieur prend de plus en plus l’habitude de diviser, et par ses excès, et par ses manques d’audace ! Les intérieurs semblent donc connaître davantage de progrès, objectivement.

La DS 9 E-TENSE en est tout à fait la preuve, et la preuve, surtout, du placement stratégique de DS en « haut de gamme alternatif » à toutes les marques allemandes que nous connaissons. La planche de bord, très épurée, en est élégante, avec ces larges inserts de cuir ou d’alcantara (selon finition), inserts qui se prolongent sur la quasi intégralité de l’habitacle, même dans les parties plus basses, ce qui semble devenir la norme chez DS. Bravo !

Le bloc d’instrumentation numérique et le large écran tactile ne bénéficient là encore, hélas, pas des dernières innovations issues de la DS 4. A la vitesse où va le progrès technologique, et particulièrement dans le haut de gamme, c’est regrettable… Donc cela donne un fonctionnement et des fonctionnalités à jour, mais sans ravir les plus exigeants notamment en matière de réactivité d’écran et de résolution d’affichage ! Idem, l’ergonomie reste imparfaite : hommage par exemple aux warnings qui trônent devant le passager ou le réglage des sièges massants que l’on cherche dans l’écran, mais qui, lui, est sur un bouton physique sur le dessus du support de siège.

Si l’habitacle de la DS 9 E-TENSE séduit par sa qualité de présentation et de finition, les passagers arrière ne sont pas à plaindre non plus : quel espace, notamment aux jambes ! Avec un empattement de 2,90 m, inédit sur une berline Stellantis, le contraire eut été étonnant. L’accoudoir central optionnel « Lounge » propose les commandes de sièges massants – alors également chauffants et ventilés – les réglages de climatisation pour l’arrière ainsi que deux prises USB-A supplémentaires.

Vous pourrez même facilement faire avancer le siège passager avant, pour vous ménager un espace aux jambes véritablement royal. En cuir Nappa Rouge Rubis, (non disponible en finition Performance Line) c’est ici la garantie d’une ambiance « luxe à la française » véritablement à part, et réussie.

Notons que la contenance du coffre est de 510 L, avec le même volume pour toutes les DS 9, hybrides comme thermiques.  

DS 9 E-TENSE coffre

DS 9 E-Tense 250 & 360 : deux versions très différentes, à tout point de vue !

DS 9 E-Tense 250 : la meilleure alternative au diesel, non-proposé sur DS 9 ?

Démarrage en douceur pour le premier essai DS 9 « nouvelles déclinaisons » : prenons place à bord de la DS 9 E-TENSE 250, équipée du moteur thermique 1.6 Puretech porté de 180 ch et 250 Nm à 200 ch et 300 Nm tandis que la partie électrique reste à 110 ch, pour 320 Nm. Le couple maximal cumulé s’élève à 360 Nm.

L’accent est ici mis sur davantage d’efficience. Par une chimie de batterie améliorée par rapport à la version 225, la capacité est passée de 11,9 à 15,6 kWh ; une telle batterie est pour le moment unique au sein du Groupe, et promet un gain de 13 km d’autonomie en roulage purement électrique, pour un total de 70 km en ville, 61 km en cycle combiné WLTP. Notons que la charge complète de la batterie se fera alors désormais en 2h23, par une puissance maximum de 7,4 kW.

Nous aurons réussi, en conditions de roulage normales et comprenant un peu d’autoroute, à faire d’une traite 49 km en tout électrique à 22,9 kWh/100 km. Très honnête, donc. Il est à noter que les phases de roulage électrique sont largement plus importantes selon cette nouvelle version de batterie, notamment, et surtout, batterie vide…

L’auto semble également présenter davantage de roue libre en Drive qu’auparavant ; de quoi se « laisser couler » facilement lors de l’enchaînement de ronds-points en zone péri-urbaine. Une mise à jour qu’il serait bon de trouver, donc, au niveau des autres hybrides et électriques Stellantis. Ayant jusqu’ici souvent trouvé que le « Drive » présentait trop de frein régénératif et le mode « Brake » pas assez, il semblerait que le bon équilibre soit désormais atteint.

Essai DS 9 E-TENSE

Côté performances, le gain est annoncé à moins deux dixièmes au 0-100 km/h (8,1 s) et moins 4 dixièmes au 1000 m DA (27,7 s). Mais ce n’est pas ce que l’on retiendra d’important avec cette version. On retient bien plus l’excellent confort de l’auto, particulièrement avec nos versions équipées de la fameuse suspension pilotée DS Active Scan, à lecture de la chaussée par caméra. On regrette qu’elle ne soit fonctionnelle qu’en modes Confort et Hybride. Malgré tout, si on déplore quelques remontées sèches à cause des jantes 19’’, le compromis global reste très satisfaisant, quels que soient les modes de conduite.

Justement, en haussant le rythme, la DS 9 E-TENSE montre une stabilité à toute épreuve, avec le terme marketing « sérénité dynamique » qui lui colle, en effet, à la peau ! Train avant de qualité, train arrière absolument imperturbable, l’auto affirme un standing bien plus « grande routière » que sa cousine Peugeot 508, qui reste plus agile.

Les qualités du châssis mettent d’autant plus en lumière le manque d’agrément et de performances quand la batterie du système hybride arrive au bout de ses ressources. Là, on retrouve le bruit assez peu raffiné du petit 1.6 Puretech, et un comportement vibratoire également un peu incongru quant aux qualités d’insonorisation et de confort de l’auto… (C’est qu’en travaillant davantage pour recharger ce qu’il peut la batterie et ainsi regagner en performances… il vibre ! ).

D’une consommation assez raisonnable batterie vide sur route, de 7,9 L/100 km en conduite calme, il franchit alors allégrement la barre des 10 L (la consommation moyenne sur la boucle complète d’une centaine de km passe alors de 4,2 L/100 km à 7 L/100 km). D’ailleurs, la boîte automatique EAT8 retrouve également ses carences de dynamisme en architecture hybride, avec de réelles lenteurs au rétrogradage. Autant de points… qui pourraient être corrigés avec la version E-TENSE 360 4X4 ?

DS 9 E-Tense 360 4X4 : La DS 9 des amateurs de dynamisme

Un « triste » constat semble se vérifier avec ces deux prises en main de la DS 9 E-TENSE. La variabilité de comportement des autos modernes, en raison de leur complexité ! D’une part, les aides à la conduite (régulateur adaptatif et conduite autonome de niveau 2) très subtiles sur un DS 3 Crossback, et plus imparfaites sur la récente DS 4, sont ici parfaitement maitrisées. Et si la version 250 ch est incontestablement la plus efficiente, c’est étonnamment la version 360 ch qui est infiniment plus ouatée en insonorisation et vibrations quand le rythme s’accélère. Bientôt une version regroupant le meilleur des deux mondes ?

DS 9 E-TENSE 4x4

Il faut dire que les 250 ch de la « petite version » remplaçant en ce moment la version 225 sont plus une promesse de boost temporaire, pour quelques dépassements, que de volonté et d’endurance d’un coureur au long cours… rôle qui est davantage dévolu à la version 360. Là, l’électrique est davantage présent pour renforcer les reprises dès les bas régimes et véritablement assister le thermique en comblant ses manques, notamment quand la boite EAT8 tarde, toujours, à rétrograder.

D’une direction plus ferme, avec moins de mouvements de caisse mais sans trop compromettre le confort, la DS 9 E-TENSE 360 4X4 présente un tout autre dynamisme sur petites routes. On retrouve là plus d’agilité et de « scalpel » tant appréciés chez le cousin sochalien Peugeot. Si le comportement châssis et la confiance que l’on a à hausser le rythme sont totalement bluffants, les performances (0-100 km/h en 5,6 s et 1000 m en 25,4 s) s’évaporent là encore assez vite quand la batterie est vide. Ce qui arrive vite, même quand elle est pleine au départ !

De même, le poids (1 909 kg) se rappelle à votre bon souvenir lors des freinages répétés : pas vraiment un mystère quand on sait que les freins sont strictement repris de feu la Peugeot 308 GTI, plus de 500 kg plus légère. Les performances mécaniques et de freinage sont donc largement à géométrie variable ; il est bon de se ménager des phases de refroidissement et donc recharges… comme avec une sportive sur circuit !

Avec une batterie pratiquement chargée au maximum au départ et 24 km d’autonomie annoncés (47 à 52 km WLTP), nous avons pu réaliser 28 km en tout électrique d’affilée.

DS 9 E-TENSE fashion week
Voici la DS 9 de la Fashion Week parisienne avec sa peinture bien spéciale et changeante, à effet dichroïque ; de la couleur pour la DS 9 ! De quoi encore regretter l’absence au nuancier de la teinte historique DS « Whisper » …

En consommation, tout dépend là encore de votre pied droit, mais toute conduite dynamique se soldera par plus de 10 L/100 km, voire presque 20… Nous avons relevé 11,5 L/100 km en moyenne globale sur notre boucle de 150 km à bon rythme, roulage tout électrique inclus.

Une grande berline un peu dépassée, mais attachante

Au cœur d’une époque où la SUVisation est massive, on se redit toujours lors de l’essai d’une berline à quel point la simplicité de ces silhouettes basses réussit à la pureté stylistique… et à quel point le compromis confort-tenue de route-efficience est, d’un point de vue strictement physique, incontestablement de meilleur niveau.

A cela, la DS 9 E-TENSE ajoute un vrai raffinement à l’intérieur, des technologies à jour à défaut d’être éblouissantes, et donne, par son confort et sa stabilité de grande routière, l’envie de vraiment enchaîner les kilomètres ! Une auto qui se positionne comme une petite Audi A6, une grande routière à la française, avec un intérieur et un agrément de conduite de haut niveau.

DS 9 E-TENSE fashion

Côté tarifs, comptez à partir de 58 000 € pour la DS 9 E-TENSE 250 en Performance Line + et à partir de 67 500 € la version E-TENSE 360 Performance Line +. En comparaison, le frère DS 7 Crossback E-Tense 4×4 300 est proposé à 61 900 € en Performance Line +  ; la cousine Peugeot 508 PSE motorisée par le même ensemble de 360 ch est affichée à partir de 68 550 €. Dans la concurrence allemande, on pourrait trouver une BMW 530e  xDrive de 292 ch, proposée en finition équivalente à partir de 70 150 €. On peut donc dire que Stellantis est plutôt sûr des qualités de ses produits, même si, bien entendu, l’étude au peigne fin des équipements devrait augmenter l’écart de tarif.

Texte et photos : Arnaud Lescure

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